"THAMILA" de son vrai nom Nouara CHENNA est née en 1939 à Akourma commune d'Amalou
dans la région de Bédjaïa. Elle perd ses parents alors qu'elle n'a pas encore
dix ans. Son père émigre en France avant la deuxième guerre mondiale. Sa mère
doit se battre avec sa belle-mère qui n’entend pas respecter sa position de
mère au sein de la structure familiale. C’est ainsi que naissent différents
heurts et malentendus et la mère de Nouara quitte le village du vivant même de
son époux pour gagner sa vie. Nouara est l’aînée et elle hérite, malgré elle,
du comportement révolté de sa mère. À peine sortie de l'adolescence, elle est
prise en charge par ses tantes paternelles qui agissent tantôt en protectrices,
tantôt en gardiennes de l'ordre masculin. Ce sont elles qui la donnent en
mariage et la poussent à divorcer le moment venu. Le jeu du mariage et du
divorce commence très tôt pour la jeune femme. Dès l'âge de douze ans,
dit-elle, elle entre dans le cycle infernal des mariages ratés, dont certains
sont dus au caractère effronté de la jeune femme et d'autres au fait qu'elle
n'est pas pleinement femme dans la mesure où elle n'a pas pu avoir d'enfants. À
cette «anomalie», s'ajoute le poids de l'exil forcé. Pour des raisons
matérielles, elle a suivi ses différents époux en France.L'exil est un
fardeauMa solitude aussiLa mauvaise compagnie dont je suis affubléeMe dégoûte
(Esseulée) C'est en France que Nouara apprend l'existence de modes d'expression
différents de ceux de la société traditionnelle et qu'elle opte pour les modes
de transcription modernes. Car elle découvre l'école à l'âge adulte et fait
d'elle-même le cheminement pour acquérir l'instrument nécessaire à sa survie :
l'écriture qui lui permettra de transcrire ses poèmes. Mais elle ne s'arrête
pas là ; elle effectuera une démarche particulière en s'adressant à une femme
anthropologue, proche d'elle par la culture, pour lui transmettre son savoir.
Comme pour de nombreuses femmes, ce sont les moments fondateurs de sa vie qui
vont ressortir dans ses vers. En premier lieu l'injustice première qui la prive
de l'amour de ses parents, en particulier de l'affection de sa mère disparue
très tôt :J'avais dix ansLorsque mère disparutMe laissant seule avec mon frère
(Ma mère m'a laissée)Dans son groupe d'origine, les hiérarchies sont clairement
définies : une fille abandonnée d’abord par son père puis par sa mère alors
qu’elle était encore enfant n'a pas la même position sociale (c'est le cas de
l'auteur) qu'une fille qui a un père. Ce thème revient comme un leit-motiv dans
ses vers :Père tu m'as reniéeComme si je n'étais pas ta filleMère, de moi tu
t'es déchargéeTu n'as laissé aucune traceJe ne connaissais pas encore la
vieLorsque vous m'avez abandonnéeVous m'avez laissée dans les larmesAlors que
j'étais dans l'innocenceVotre cœur n'a pas tressailliVous n'aviez pas craint le
SeigneurJe sais que ma complainte est justePuisque je suis de votre sangVous
m'avez laissé orpheline (poème 296)À ce handicap de départ s'en ajoute un autre
: elle n'a pas d'enfant. Nouara le vit comme une injustice, une soumission aux
aléas du destin. Elle fait parler les autres femmes qui, directement ou
indirectement, la qualifiaient d'arbre desséché, de bouc solitaire, lorsque
elle se rendait à la fontaine(tala) ou aux champs (lexla). Même si Nouara vit
en France, sa vision est restée celle d'une femme kabyle n'aspirant qu'à
répondre à son devoir de femme et d'épouse accomplie. Plus d'une dizaine de
poèmes sont consacrés à ce thème. En voici un extrait :Si j'avais un enfantCe
serait un jardin de bonheurJe lui ferais une maisonEt je n'aurais point de
souciIl égaierait mon cœurMais la chance m'a vouée à l'abandon. Elle s'en est
alléeEt a effacé la trace de ses pasSi je n'étais pas stérileJe ne divorcerais
pointEt ne me séparerais pas de l'aiméJ'aurais fondé un nid d'amourMais ce
n'est point de ma fauteCar traître est mon destin (poème 297) L'autre point
nodal de sa vie concerne sa relation avec les hommes qui ne peuvent être ici
que des maris le plus souvent imposés :J’eus un mariage de contrainteTel est
mon destinSept ans aprèsLa vie est pour nous deux Amère (Tel est mon
destin)Dans l'émigration, où le groupe se transforme tout en gardant les mêmes
moyens de contrôle que dans la société traditionnelle, Nouara aura à se situer
par rapport aux différents maris (elle s'est mariée cinq fois) : J'ai voulu
rencontrerL'âme sœurL'aimerEt vivre avec elleMais j'ai échouéEt tout s'est
écrouléEmportant mes espoirs, mes chimèresLa vie m'a joué un mauvais tour.
(Poème inédit)Elle doit aussi se situer dans un univers strictement féminin où
les positions des femmes sont définies par le statut des époux et par celui que
confère la maternité. Ces différents mariages l'ont amenée à affronter
belles-sœurs et belles-mères souvent cruelles.Il serait cependant faux de
croire Nouara enfermée dans ses problèmes. Elle s'intéresse à tout ce qui
touche son monde : la revendication culturelle et identitaire, l'immigration,
les événements politiques qui concernent son pays : Octobre 88 et les
événements récents. La trajectoire de cette femme est très significative ; elle
permet de saisir sur le vif la création par les agents de modes de production
modernes lorsqu'ils se trouvent hors de leur espace «naturel» d'activité Nouara
est née en 1939 à Amalou dans la région de Bédjaïa. Elle perd ses parents alors
qu'elle n'a pas encore dix ans. Son père émigre en France avant la deuxième
guerre mondiale. Sa mère doit se battre avec sa belle-mère qui n’entend pas
respecter sa position de mère au sein de la structure familiale. C’est ainsi
que naissent différents heurts et malentendus et la mère de Nouara quitte le
village du vivant même de son époux pour gagner sa vie. Nouara est l’aînée et
elle hérite, malgré elle, du comportement révolté de sa mère. À peine sortie de
l'adolescence, elle est prise en charge par ses tantes paternelles qui agissent
tantôt en protectrices, tantôt en gardiennes de l'ordre masculin. Ce sont elles
qui la donnent en mariage et la poussent à divorcer le moment venu. Le jeu du
mariage et du divorce commence très tôt pour la jeune femme. Dès l'âge de douze
ans, dit-elle, elle entre dans le cycle infernal des mariages ratés, dont
certains sont dus au caractère effronté de la jeune femme et d'autres au fait
qu'elle n'est pas pleinement femme dans la mesure où elle n'a pas pu avoir
d'enfants. À cette «anomalie», s'ajoute le poids de l'exil forcé. Pour des
raisons matérielles, elle a suivi ses différents époux en France.L'exil est un
fardeauMa solitude aussiLa mauvaise compagnie dont je suis affubléeMe dégoûte
(Esseulée) C'est en France que Nouara apprend l'existence de modes d'expression
différents de ceux de la société traditionnelle et qu'elle opte pour les modes
de transcription modernes. Car elle découvre l'école à l'âge adulte et fait
d'elle-même le cheminement pour acquérir l'instrument nécessaire à sa survie :
l'écriture qui lui permettra de transcrire ses poèmes. Mais elle ne s'arrête
pas là ; elle effectuera une démarche particulière en s'adressant à une femme
anthropologue, proche d'elle par la culture, pour lui transmettre son savoir. Comme
pour de nombreuses femmes, ce sont les moments fondateurs de sa vie qui vont
ressortir dans ses vers. En premier lieu l'injustice première qui la prive de
l'amour de ses parents, en particulier de l'affection de sa mère disparue très
tôt :J'avais dix ansLorsque mère disparutMe laissant seule avec mon frère (Ma
mère m'a laissée)Dans son groupe d'origine, les hiérarchies sont clairement
définies : une fille abandonnée d’abord par son père puis par sa mère alors
qu’elle était encore enfant n'a pas la même position sociale (c'est le cas de
l'auteur) qu'une fille qui a un père. Ce thème revient comme un leit-motiv dans
ses vers :Père tu m'as reniéeComme si je n'étais pas ta filleMère, de moi tu
t'es déchargéeTu n'as laissé aucune traceJe ne connaissais pas encore la
vieLorsque vous m'avez abandonnéeVous m'avez laissée dans les larmesAlors que
j'étais dans l'innocenceVotre cœur n'a pas tressailliVous n'aviez pas craint le
SeigneurJe sais que ma complainte est justePuisque je suis de votre sangVous
m'avez laissé orpheline (poème 296)À ce handicap de départ s'en ajoute un autre
: elle n'a pas d'enfant. Nouara le vit comme une injustice, une soumission aux
aléas du destin. Elle fait parler les autres femmes qui, directement ou
indirectement, la qualifiaient d'arbre desséché, de bouc solitaire, lorsque
elle se rendait à la fontaine(tala) ou aux champs (lexla). Même si Nouara vit
en France, sa vision est restée celle d'une femme kabyle n'aspirant qu'à
répondre à son devoir de femme et d'épouse accomplie. Plus d'une dizaine de
poèmes sont consacrés à ce thème. En voici un extrait :Si j'avais un enfantCe
serait un jardin de bonheurJe lui ferais une maisonEt je n'aurais point de
souciIl égaierait mon cœurMais la chance m'a vouée à l'abandon. Elle s'en est
alléeEt a effacé la trace de ses pasSi je n'étais pas stérileJe ne divorcerais
pointEt ne me séparerais pas de l'aiméJ'aurais fondé un nid d'amourMais ce
n'est point de ma fauteCar traître est mon destin (poème 297) L'autre point
nodal de sa vie concerne sa relation avec les hommes qui ne peuvent être ici
que des maris le plus souvent imposés :J’eus un mariage de contrainteTel est
mon destinSept ans aprèsLa vie est pour nous deux Amère (Tel est mon
destin)Dans l'émigration, où le groupe se transforme tout en gardant les mêmes
moyens de contrôle que dans la société traditionnelle, Nouara aura à se situer
par rapport aux différents maris (elle s'est mariée cinq fois) : J'ai voulu
rencontrerL'âme sœurL'aimerEt vivre avec elleMais j'ai échouéEt tout s'est
écrouléEmportant mes espoirs, mes chimèresLa vie m'a joué un mauvais tour.
(Poème inédit)Elle doit aussi se situer dans un univers strictement féminin où
les positions des femmes sont définies par le statut des époux et par celui que
confère la maternité. Ces différents mariages l'ont amenée à affronter
belles-sœurs et belles-mères souvent cruelles.Il serait cependant faux de
croire Nouara enfermée dans ses problèmes. Elle s'intéresse à tout ce qui
touche son monde : la revendication culturelle et identitaire, l'immigration,
les événements politiques qui concernent son pays : Octobre 88 et les
événements récents. La trajectoire de cette femme est très significative ; elle
permet de saisir sur le vif la création par les agents de modes de production
modernes lorsqu'ils se trouvent hors de leur espace «naturel» d'activité
Né en 1915 ,à la commune d'Amalou ,d'un père originaire de Sidi Aich . Il a chanté toute une vie: sa vie au village natal, son exil en France, son amour pour sa femme, ses enfants ,sa patrie , la guerre d'Algérie ....etc. Il nous a quitté un certains 17 Novembre 1968 en France. Mais il nous a laissé :A tasekurt, yemma yemma, lwajeb n wassen et bien d'autres immortelles œuvres. Aujourd'hui son nom reste vivant dans les cœurs comme dans la mémoire de chaque kabyle amoureux de la pureté d'art.
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