mercredi 25 juillet 2012

Allaoua Zerrouki Yugi Ad Yughal (Par YiwenKan)

Allaoua Zerrouki A rray iw

lundi 23 juillet 2012

Mouloud Youcefi chante le rossignol

A Tasekurt ,la derniere chanson

jeudi 19 juillet 2012

PETITION :INSCRIRE ALLAOUA ZERROUKI A LA LISTE DES PERSONNALITES A THIAIS

INSCRIRE ALLAOUA ZERROUKI A LA LISTE DES PERSONNALITES A THIAIS

Monsieur le Maire,

Nous avons l’honneur de vous adresser cette pétition inspirée par des sentiments issus du plus profond de nos cœurs pour vous demander une chose simple, à votre portée et n’entraînant aucune dépense particulière pour votre municipalité: l'inscription de Mr Allaoua ZERROUKI sur la liste des personnalités du cimetière municipal de votre ville de Thiais. En effet, dans ce lieu, repose le célèbre chanteur algérien d’expression kabyle Allaoua ZERROUKI.

En fait, il y a reposé en paix, mais hélas, on apprend qu’il se trouve au « Jardin des Souvenirs » depuis 2002, information donnée par une grande chanteuse Kabyle qui est venue se recueillir justement sur sa tombe récemment : Mme Malika DOMRANE. Le jardin des souvenirs est le lieu où on dissémine, les cendres des dépouilles de ceux qui n’ont pas payé leur sépulture à vie. La sépulture est payée à quelques 3500 euros.

Allaoua ZERROUKI est né en 1915, à Sidi-Aïch (Amalou) en Algérie, et il est décédé en 1968 St André des Arts, Paris 1er, à l’âge de 53 ans. Il a chanté toute sa vie l'amour, l'exil et l'indépendance de l'Algérie. Il a côtoyé les plus grands artistes algériens des années 50-60.

Quand la crémation est un choix personnel du vivant de la personne, nous devons respecter ce choix, mais dans le cas de Mr ZERROUKI, il s’agit d’une incinération pour défaut de paiement de la concession à vie dans le cimetière de votre ville de THIAIS.

On ne sait pas si vos services municipaux, en 2002, avaient cherché à joindre d’éventuels proches à Paris ou dans toute la France, ou alors les autorités algériennes etc… Hélas on ne peut pas revenir en arrière, ses restes ont été définitivement incinérés. L’important pour nous maintenant, c’est d’honorer la mémoire de ce monument de la chanson algérienne kabyle.

Nous vous demandons, au nom de la communauté Kabyle de France et même au-delà, de la population de la région de Kabylie en Algérie et au nom de toutes les personnes éprises de Justice, d’avoir le geste très symbolique mais ô combien important d’inscrire Monsieur Allaoua ZERROUKI sur la liste des personnalités qui reposent en paix dans votre cimetière municipal de votre ville de THIAIS. Ainsi, il sera facile à la communauté kabyle et à toutes les personnes désireuses de se recueillir sur ses restes, de pouvoir le faire dans les meilleures conditions, eu égard à notoriété de cette personnalité. Et par l'effet "d'une pierre deux coups", sa mémoire sera honorée, comme toutes les personnes célèbres qui reposent dans tous les cimetières de France.

Cette inscription honorera votre commune, embellira votre cimetière avec l’ajout du nom d’un des plus grands chanteurs algériens des années 50-60 qui s’est retrouvé l’hôte de ce lieu de repos éternel de Thiais.

Un certain nombre d’associations culturelles pourront organiser une manifestation culturelle à l’avenir pour célébrer cette inscription.

S'il fallait une pétition pour vous convaincre, la voilà donc et la décision est entre vos mains, Monsieur le Maire.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire de Thiais, l’assurance de nos sentiments les meilleurs.

Kamel BENMOUHOUB, animateur de radio bénévole à Lyon, pour "Le Collectif de Citoyens pour la Mémoire de Allaoua ZERROUKI"


Premiers signataires:

_Kamel BENMOUHOUB, animateur bénévole Radio Pluriel (Lyon)

http://www.petitions24.net/inscrire_allaoua_zerrouki_a_la_liste_des_personnalites_a_thiais

Le jardin de mon mauvais souvenir Allaoua ZERROUKI(Visite de Malika Domrane a Thiais)

Le jardin de mon mauvais souvenir Allaoua ZERROUKI

Il y a quelques mois, je savais que Allaoua Zerrouki était enterré dans le cimetière de Thiais, près d'Orly, en banlieue de Paris.
Je voulais aller sur sa tombe, lui rendre visite et "communiquer"avec lui, même communier avec ce grand Artiste à la voix de rossignol, bel homme élégant.
Aujourd'hui, lors d'une sortie en voiture avec Ferriel une amie, roulant en direction d'Orly, je découvre sur la route le panneau d'indication de la ville de Thiais, cela me fait tilt. Je demande alors à Ferriel de prendre la direction de Thiais, lui expliquant que Allaoua Zerrouki y est enterré.Elle accepte et me fait plaisir.

Arrivées sur les lieux, nous demandons à plusieurs employés du cimetière de nous renseigner sur la tombe de l'Artiste. Après avoir compulsé plusieurs registres, l'un d'entre eux nous apprend que Monsieur Allaoua Zerrouki se trouve au jardin des souvenirs. Interloquée, je m'adresse à la personne pour plus d'informations. J'en reçois et des plus mauvaises, car blessantes. Je m'effondre en larmes, Ferriel également. J'en suis toute retournée.
Pourquoi?
Je réponds à cette question. Depuis 2002 le corps de l'artiste a été exhumé pour être incinéré, les cendre disséminées dans le jardin des souvenirs. Pourquoi celà? Parce que, d'après les informations qui me sont données personne n'a payé la concession pour une sépulture à vie ( environ 3500euro).

Ma réflexion, moi-même artiste, femme et kabyle par dessus, est la suivante:" comment en est-on arrivé jusque là?" Comment n'a t-on pas pu payer cette maudite somme? Monsieur Zerrouki ne méritait-il pas une tombe comme tout le monde en tant qu'être humain?"

Personnellement je suis outrée!

Au bout d'un certain temps, je sors du cimetière pour acheter des fleurs et les lui offrir, en plus d'allumer des bougies, en le priant de bien vouloir pardonner à ceux, de A à Z qui sont responsables de cet état de fait car ils ne savent pas. Je me recueille, entourée de Ferriel et d'une jeune veuve venue sur la tombe de son défunt mari.

Toujours en colère, après tout le monde, tant les autorités algériennes que les personnalités kabyles...j'en veux à tous ceux qui savaient et qui n'avaient rien dit mieux encore rien fait, pour éviter d'en arriver à ce point: J'en ai honte.

Qu'en sera-il de Slimane Azem?De cheikh L'Hasnaoui? Des membres de la famille Amrouche?Et d'autres encore?

Honte à qui sait et ne fait rien de bien aux siens!


Paris Le 03 Avril 2012.
Malika Domrane

Zaouia "Ahmed Ouyahia" Amalou la ou le rossignol a appris le coran et la langue arabe


L’enchanteresse distille le savoir et étale son charme légendaire



Avec ses paysages multiples et merveilleux, riches d’histoire et de légendes, de culture et d’anciennes architectures inégalées, la Zaouia de Sidi Ahmed Ouyahia dans la commune d’Amalou est à la fois un lieu de culte et un berceau de la renaissance.

En la regardant de nuit à partir d’Ighil N’tala, d’Aït-Djemhour ou d’Ighil Igueni, les trois villages qui la surplombent, on la voit comme une merveille aux lumières tamisées et scintillantes qui attirent vivement le regard. Fondée par Sidi Ahmed Ouyahia au IXe siècle, elle est parmi les lieux de culte les plus célèbres de la région. Son concepteur était un homme religieux que la population vénère et adule encore pour ses qualités de saint ayant beaucoup contribué à l’ensemencement de la foi dans la région. Cette école coranique où sont enseignées des sciences islamiques depuis des siècles, fonctionne encore grâce aux aides des particuliers qui lui donnent sans compter dans l’optique de garder encore en vie un monument du savoir qui constitue un repère qui intéresserait sans nul doute les générations futures. Située au centre de la ville d’Amalou, à l’entrée sur un grand fronton est écrit en arabe et en gros caractères, «Zaouia Sidi Ahmed Ouyahia».

C’est l’un de ses arrières petits fils, en l’occurrence Badredine Idir, membre de l’association religieuse et gérant de la Medersa qui nous a accueillis avec un sourire bienveillant et une hospitalité chaleureuse. D’emblée, il nous fait visiter l’imposante mosquée attenante à l’école qui garde encore la plaque commémorative d’inauguration par l’actuel ministre des Affaires religieuses, Ghoulamallah le 26/08/1997, correspondant au 22 rabia thani 1418. «Cette mosquée est construite avec quasiment des dons des particuliers dont les délais de réalisation étaient de 10 ans (1986-1997)», a-t-il dit. Elle est attenante à la zaouïa et constitue le plus important monument religieux qui charme le visiteur le plus assidu avec les ors et les turquoises de ses coupoles et ses décors majestueux qui restent gravés dans les mémoires de tous ceux qui sont passés par là. D’une superficie de 23x23m soit 529m2, elle est composée de trois niveaux et d’un minaret géant qui émerge dans toute la localité malgré la situation géographique de la zaouïa, engouffrée dans une cuvette. Le sous-sol est annexé à la Médersa et composé d’une salle de cours, un bureau spacieux du gérant équipé du mobilier adéquat et des toilettes. Le rez-de-chaussée, isolé de l’école par une clôture, sert de salle de prières pour les hommes permettant ainsi aux fidèles de la ville d’accomplir leur devoir religieux dans cette mosquée, notamment la prière du vendredi sans y passer par l’école et gêner son bon fonctionnement. Le premier étage sert de salle de prières pour femmes. Après la mosquée, c’est une grande bâtisse d’architecture ancienne qui s’offre à nos yeux, un monument gardant toute sa vivacité. «Cet édifice d’une superficie de 16x12m soit 192m2, construit en 1950 par l’arch d’Amalou est utilisé actuellement comme salle de cours pour 27 élèves», fera remarquer notre interlocuteur. Un peu plus bas, deux grands vestiges attirent toute notre attention. Tout d’abord, la vieille mosquée, qui se révèle être un musée déterminant toute l’apothéose de l’art sur le plan architectural de type andalou qui nous renvoie sur cinq siècles en arrière pour imaginer toute la grandeur du concepteur qui ne peut être que le maître des lieux de l’époque (Sidi Ahmed Ouyahia). A quelques mètres de là, se dresse la nécropole où est érigé un mausolée séculaire, bien entretenu et faïencé même de l’intérieur. Une grande toile verte recouvre le tombeau de Sidi Ahmed Ouyahia. A l’entrée et sur le côté droit, reposent les trois imams descendant du cheikh spirituel et qui ont assuré sa succession. Il s’agit de Cheikh El Bachir, Cheikh El Hacene et de Cheikh Md S’éghir. L’endroit magique sur lequel nous nous sommes attardés est la salle des cours où le Cheikh enseignait le Coran, un vestige étourdissant qui s’avère être le monument le plus ancien en raison de son architecture millénaire. Les matériaux qui datent du IXe siècle sont encore en place, de l’ardoise du parterre, des pierres bien taillées des murs, des briques pleines servant d’ornements et des tuiles rouges traditionnelles typiquement kabyles. La zaouïa a contribué à la formation de plusieurs illustres personnalités politiques, patriotiques et religieuses qui ont contribué à la guerre de Libération nationale de 1954 et dont certaines sont tombées au champ d’honneur.

Véritable réservoir d’hommes pendant la révolution

La zaouïa a été fermée par l’armée coloniale pour toute la période de la guerre pour ne s’ouvrir qu’après l’indépendance du pays. Durant la guerre, beaucoup de ses talebs se sont reconvertis en moudjahidine qui ont nourri les maquis, notamment ceux de la région. Aujourd’hui forte avec ses 50 martyrs recensés, l’association religieuse, autorité suprême de ce lieu de culte, coure toujours pour arracher une stèle qui sera érigée à l’entrée de la zaouïa, à la mémoire de ses enfants chouhada. Aussi, elle a eu l’honneur et le mérite d’avoir formé et donné le premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), en la personne d’Abderrahmane Fares, l’un des petits-fils du Cheikh spirituel et notaire de profession. Par ailleurs, elle ne tarit pas d’éloges d’avoir donné aussi pour la révolution algérienne, un officier de l’ALN au rang de colonel et un commissaire politique mort en 1957 dans un accrochage à Boni dans la région d’Ighil Ali», poursuit-il, tout en fouillant dans son ordinateur à la recherche des archives de la zaouïa qu’il mettrait à notre disposition. Il enchaîne : «Parmi les personnalités religieuses formées qui sont fort nombreuses, le gérant citera quelques-unes à l’exemple de : Saâd Idjerri de Tizi-Ouzou, imam et écrivain, Taher Aït Aldjel, personnalité très influente de la zaouïa de Tamokra, El Hacene Fares et Sahnoun, imams et juges à l’époque coloniale et enfin Cheikh Tayeb Ouchentir, père du célèbre Ali Chentir», tient-il à préciser

La Zaouia fonctionne avec les moyens de bord du fait que les subventions de l’Etat sont minimes et insignifiantes par rapport à son budget de fonctionnement. Cependant, 130 ha de terres agricoles fertiles ont été achetés aux environs de l’année 1900 par l’arch d’Amalou pour le compte de la zaouïa. Ces terres situées à Melakou sont mises en valeur par la plantation d’une partie d’arbres fruitiers et l’autre partie laissée nue pour la pratique des cultures maraîchères qui sont irriguées par trois forages hydrauliques. Ces terres sont louées aux particuliers et procurent ainsi des ressources pour l’école. Mais le financement important provient des généreux particuliers qui n’hésitent pas à attribuer des dons en nature et en argent. L’immobilier de la Medersa se résume à cinq dortoirs spacieux permettant aux étudiants d’être à l’aise dans les chambres, une cuisine très propre, un réfectoire, une salle de cours très spacieuse qui était une ancienne mosquée et trois magasins dont un est utilisé pour le stockage des produits alimentaires, un autre est réservé pour le stockage de l’huile d’olive donnée à la medersa bénévolement par des particuliers et enfin le troisième hangar abrite l’outillage. D’après notre interlocuteur, la municipalité d’Amalou offre de temps à autre des équipements ou des produits de fonctionnement dont la zaouïa a besoin.
Depuis son installation le 20/06/2005, Le gérant semble bien prendre les choses en main en travaillant inlassablement depuis à moderniser de fond en comble la medersa, voulant lui donner un cachet particulier, celui d’un institut islamique où seront formés des cadres en théologie de demain. De ce fait, un investissement important de modernisation du site vient d’être réalisé dans l’enceinte même de l’établissement. Il s’agit bien entendu d’un grand bâtiment à trois niveaux construit avec des matériaux sophistiqués. Il abritera les salles de cours au premier étage, le réfectoire et la cuisine au second, et le dortoir au dernier étage. Il est assorti d’une grande terrasse dominant les quatre coins de la région avec une superbe vue sur toute la haute vallée de la Soummam et le flanc est du djurdjura. Son concepteur en se donnant autant de moyens ambitionne d’en faire un grand institut islamique. «Nous avons établi une fiche technique de l’ordre de 50 millions de dinars. Comme vous voyez, le bâtiment est achevé et nous a coûté environ 44 millions de dinars, l’installation du chauffage central avec 27 radiateurs couvrant l’ensemble des pièces des trois étages, compris. Il nous reste 6 millions de dinars à trouver et qui nous serviront à équiper l’institut en matériel adéquat. Les aides que nous avons reçues jusque-là des organismes étatiques, sont minimes : 1 million de dinars de l’APW, 2 millions de dinars du ministère des Affaires religieuses et 2,3 millions de la wilaya de Béjaïa. Soit un total de 5,3 millions de dinars qui représentent 10 % de l’investissement. Les 90 % sont des dons des particuliers», informe le gérant. Cette forteresse fascine avec ses monuments séculaires et offre au visiteur l’un plus beaux panoramas de la région avec son ancien bâti qui garde encore jalousement son charme d’antan, c’est pourquoi, même en s’éloignant, il est difficile de détourner les yeux pour abandonner un charme qui impressionne par toutes ses subtilités. Autrement dit, chaque année, des essaims impressionnants de pèlerins viennent les quatre saisons se recueillir sur le mausolée de Sidi Ahmed Ouyahia pour avoir sa baraka et admirer la splendeur des lieux.


                                                            Article : Par L. Beddar Journal  la depeche de Kabylie

Nabil Farés le grand ecrivain de tout le Maghreb (fils de Abderrahmane Fares)


Nabile Farès est un écrivain et poète algérien d'expression française né en 1940 à Collo et installé en France


Fils de Abderrahmane Farès, Président de l’Exécutif provisoire algérien de 1962, il est né à Collo en 1940 où son père exerçait comme premier notaire musulman en Algérie. Durant la guerre d'Algérie, il participe aux grèves lycéennes de 1956, puis rejoint le Front de libération nationale (FLN), mouvement indépendantiste, puis sa branche armée, l'ALN.
Après ses études en Algérie puis en France (Signification de l'ogresse, Doctorat en sociologie, 1971; La théorie anthropologique au Maghreb. Le cas de la littérature maghrébine de langue française. Recherches de psycho-sociologie de la connaissance, thèse en philosophie et sciences humaines, 1986), Nabile Farès enseigne en France, en Espagne, en Algérie, de nouveau en France où il est maître de conférences en littérature comparée à l'université
Stendhal de Grenoble et psychanalyste.

Bibliographie

  • Yahia, pas de chance, Le seuil, 1970.
  • Le Chant d'Akli, P.-J. Osvald, 1971; L'Harmattan, 1981.
  • Un passager de l'Occident, Le Seuil, 1971.
  • Le Champ des oliviers, Le Seuil, 1972.
  • Mémoire de l'absent, Le Seuil, 1974.
  • L'Exil et le désarroi, François Maspero, 1976.
  • Chants d'histoires et de vie pour des roses des sables, L'Harmattan, 1978.
  • La Mort de Salah Baye ou la vie obscure d'un Maghrébin, L'Harmattan, 1980.
  • L'État perdu, Actes Sud, 1982.
  • L'Exil au féminin : poème d'Orient et d'Occident, L'Harmattan, 1986.
  • L'Ogresse dans la littérature orale berbère, Karthala, 1994.
  • Le Miroir de Cordoue, L'Harmattan, 1994.
  • Le Voyage des exils, dessins de Kamel Yahiaoui, La Salamandre, 1996.
  • Les Exilées, histoires, dessins de Kamel Khélif, Amok, 2001.
  • La Petite Arabe qui aimait la chaise de Van Gogh, dessins de Kamel Khélif, Amok, 2002.
  • Il était une fois l'Algérie, Tizi-Ouzou, éd. Achab, 2011.

Nabile Farès a également écrit plusieurs textes pour le théâtre :

  • Dialogues d'immigrés en France
  • Histoire de Malika et de quelques autres
  • La Nuit de Benjamin,
  • Textes écrits contre un pays défunt, "
  • Corps tombés de guerres obscures
  • La Vie d'Héphaïstos
  • Complainte des enfants du XXIe siècle

Et voici la passeerelle de Nabil Farés ************Rachid Mokhtari



Nabile Farès : « J’écris l’Algérie à la recherche de sa vérité »

Dans cet entretien, Nabile Farès revisite les lieux tourmentés de son œuvre romanesque,

et, particulièrement, de son nouveau roman Il était une fois l’Algérie où se télescopent les ogres es contes et ceux des pouvoirs politiques…

Entretien réalisé par Rachid Mokhtari

Il était une fois, l’Algérie comprend deux écritures : celle du conte ( merveilleux) et celle d’une chronique politique ( fantastique). Comment s’emboîtent – elles ?

Je vous avoue que cela été très difficile, aussi difficile de vivre ce que les Algériennes et les Algériens ont vécu. Dans ce récit, j’ai essayé de concilier un monde qui peut être merveilleux pour les enfants, ce dont ils rêvent, et, une histoire qui remet en cause ce rêve merveilleux et les projette dans une tragédie que l’on peut dire historique et politique en même temps. Politique : pour autant que cela fait un certain nombre d’années, qui comptent beaucoup pour les générations actuelles et antérieures, que ce conte d’indépendance qui aurait pu être merveilleux s’échoue comme une tragédie qui touche absolument toutes les générations. Nous tenons au conte merveilleux dans la façon dont on raconte aux enfants les premières histoires pour les amener à penser, à réfléchir, même si ces contes merveilleux ont des parcours et des tragédies comme celles des ogres et des ogresses par exemple. Mais, quand, dans le monde que l’on vit, des personnes que l’on côtoie qui sont des humains se comportent comme des ogres, il y a quelque chose qui bascule. Alors, le monde, au lieu d’être un monde merveilleux, devient fantastique, c'est-à-dire, imprégné par la mort, la délectation de la mort, la jouissance dans la mort donnée. C’est cela le fantastique, l’horreur descendue dans le monde, de la même façon que l’horreur nazie, les tueries nazies, les camps, les tueries coloniales sont des productions, des mises en scènes que l’on peut aisément mettre au compte du fantastique : la délectation de l’horreur. Slimane Driif, le personnage journaliste et Linda, sa compagne interrogent l’exil, leur exil actuel. Ce sont deux personnages du merveilleux tandis que les personnages qui tuent sont des personnes du fantastique. C’est-à-dire qu’ils sont devenus des ogres. Ils se sont mis la tête en l’air. De plus, ils croient bien faire… Ce qui est un comble.

Les ogres des contes et ceux de la tragédie de l’Algérie contemporaine habitent les mêmes lieux. N’y a - t- il plus de barrières entre les deux ?

Oui, dans les mêmes lieux puisqu’il n’y a pas un lieu en Algérie qui n’ait pas connu les tragédies de la guerre, de la souffrance, des viols, des tortures dans lesquelles, on peut dire, les générations se sont faites. Slimane Driif, mon personnage journaliste, qui doit faire des chroniques du réel, de l’Histoire qui l’a tellement percuté, n’arrive plus à avoir des façons de dire. Il est travaillé par le comment pouvoir écrire, le comment pouvoir dire puisque ce qui l’a touché a mis en cause toutes ses facultés. Comment raconter au jour le jour ce qui a pu se passer pour lui et pour les autres personnages.

Pourquoi Slimane Driif hésite de voir dans les ogres un visage humain ?

Il avait pensé que ces personnages n’existaient que dans les contes mais, tout d’un coup, c’était comme si la barrière des contes avait été franchie et que ces personnages étaient tombés dans la réalité, dans le « ghaba », la forêt des hommes qui tuent. Ceux-là sont des êtres très avides. L’Algérie est un lieu où il y a de très grands prédateurs, c’est en quoi elle participe, elle aussi, de cette mondialisation financière qui construit de la pauvreté, le mépris et abrase le monde.

Vous dites que « C’est une réalité « ogressale »…

Ça dévore. C’est tamacahut à l’envers. Même les enfants ne peuvent plus dormir, on ne peut plus les endormir. C’est ce qui se passe actuellement parce que ces nouvelles générations qui ont vécu cela tout petit disons à partir de 1992, ou nés à ce moment là, qu’est-ce qui leur a été permis dans la rencontre avec la réalité de leur pays dont l’ idéologie, disons gouvernementale, ne cesse de leur dire qu’ il ne faut pas partir de ce pays parce que c’est le meilleur pays du monde. S’il n’y avait pas cette idéologie, et qu’on pouvait dire le pire dans lequel ces jeunes d’aujourd’hui sont nés, à ce moment-là, tout le monde serait d’accord !

Tous les personnages du récit, Slimane Driif, le journaliste, Selma, l’enseignante de français, qui a échappé à une tuerie dans son école, Tania, sa fille, qui a vu… livrent comme dans un délire leurs traumatismes à une psychothérapeute…

C’est ce qui s’est passé un certain moment. On essayait pour les enfants qui avaient vécu ces histoires-là de les prendre en thérapie pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. Mais cela s’est révélé difficile : les enfants ont vu mais ne veulent pas raconter. Ils ne veulent pas non plus être doublement victimes par rapport à ce qu’ils raconteraient car ils permettraient d’identifier les personnes qui ont fait cela. C’est pourquoi le mutisme de cette petite Tania qui précisément a vu et dépassée par ce qu’elle a vécu, vu, entendu, et, ne veut plus rien dire. C’est un récit qui se passe quelques années plus tard, après les faits ; d’où cette rencontre avec une psychothérapeute qui essaie de comprendre, à travers les métaphores, ce que raconte cette petite Tania, de temps en temps. Or, même si elle ne parle pas, le pays parle pour elle, en elle. C’est pourquoi, il y a plusieurs narrateurs. C’est le pays qui parle à travers Tania.

Il y a plusieurs « je » dans le texte. Plusieurs paroles ou plusieurs témoins de la tragédie ?

Ils ne sont que des médiateurs d’un pays qui est tombé dans la clandestinité et qui, à chaque fois, est à la recherche de ses paroles pour pouvoir être écouté, se faire entendre, faire entendre les différents lieux de la violence qu’a connue et connaît le pays. Car, il y a quand même des événements que le lecteur peut repérer historiquement et qui ponctue ce récit. Mais, à quel moment le récit narratif, on pourrait dire du pays, s’est fourvoyé ? Eh bien, on pourrait dire, à partir du moment où l’origine de la narration a été faussée. L’Algérie est un pays qui à travers ses romans, ses histoires, je ne parle pas simplement de mes romans, de mes poèmes, est un pays qui, à travers ses médiateurs, personnages, écrivains, romanciers, poètes, est en quête de la vérité, parti à la recherche de la condition de sa vérité. D’une vérité qui a été faussée par le discours politique né après, si l’on veut, l’indépendance ; un discours politique qui masque les sources de sa volonté prédatrice. Si l’on avait voulu construire un pays où les personnes qui le composent, le composaient , devaient vivre ensemble selon des modalités moins inégalitaires et plus solidaires, je pense qu’on se serait pris autrement. Non, le modèle, motif était de prendre, et, de prendre de plus en plus, jusqu’à faire de plus de la moitié des algériennes et des algériens des êtres à la recherche de leurs conditions et possibilités de vivre.

Comment lire cette opposition entre « Le pays » vs le « Là-bas » ?

Beaucoup de personnes ont vécu cette violence qui a fait exploser la possibilité de dire dans le lieu même où on est quelque chose. Le « Là - bas », c’est l’ailleurs qui permet d’exister ; c’est le lieu à partir duquel on peut interroger tous les disparus en quelque sorte. C’est ce lieu qui demeure malgré la violence, la tentative d’effacement des disparitions ; ce qui a été remarquable pendant toute cette période des années 1990, eh bien, c’est que les personnes meurtries ont réinventé de la sépulture pour les leurs, victimes de la barbarie, même lorsque les corps étaient découpés en morceaux– c’est pas de la folie meurtrière cela ! ; ces actes n’ont rien à voir avec quelque religion que ce soit, idéologie que ce soit, islam que ce soit, c’est du pur désir meurtrier devenu fou. Alors, des actes comme ceux-ci peuvent exploser, pendant un temps, dans la tête de quelqu’un, comme dans celle de Slimane Driif …

Vous allez à la racine du mal. Par ce mot terrible « Hogra » comment garder sa vérité psychique, ne pas être déboussolé ?

On peut commencer par cette question : qu’est ce qui s’est passé dans la pensée pour que de tels actes aient pu être commis, aient pu passer pour autre chose que des meurtres ? Qu’est-ce qui de la pensée a été touché ? Et, plus amplement qu’est-ce qui du rapport à soi et à l’autre, autrui, enfant, femme, adulte, a été touché ? Il s’agit d’un défaut de pensée, c’est à dire du rapport à la vérité. Et quand cela se produit, tous les maléfices peuvent survenir …

Si, dans le politique, il y a une usurpation de la vérité, à ce moment-là, le pays qui vit cette fausseté peut aller très mal, exploser, puisqu’ il est construit, non sur une erreur ou un mensonge, mais sur une fausseté. Il déforme et les personnes marchent sur la tête. C’est comme dans les carnavals d’antan où on mettait la panse sur la tête. Au lieu de vraiment penser, on a l’estomac à la place. Slimane Driif tente de préserver en lui une vérité de penser qui correspond pour lui à sa capacité de se maintenir en vie…

« Evénements », « groupes armés », « prédicateurs » : vous réfutez ces termes et vous n’employez pas du tout le mot « terroriste ». Pour quels motifs ?

Je ne réfute pas ces termes, je montre que, justement dans ce rapport à la vérité, ce sont les mots qui sont touchés et viennent masquer les délires et désirs de meurtres et de prédations. Ce qui m’a beaucoup touché dans cette histoire était que ces mots étaient des mots anciens qu’on entendait pendant la guerre d’indépendance, anti-coloniale , en Algérie. Ce sont ces mêmes mots qui ont réapparu pour dire ce qui se passait en ces années 1990. Donc, il n’ y avait même pas un nouveau langage auquel on pouvait se raccrocher. Et le travail de Slimane Driif, le journaliste, - c’est pour cela qu’il est très perturbé - consiste à pouvoir raconter cela tout à fait autrement. Il ne le peut pas, d’ailleurs. Il faut que ce soit les gens, les autres qui racontent.

Ce sont les djinns, les spectres qui le font !

C’est-à-dire ceux auxquels on n’a jamais pensé. C’est comme dans le conte repris par Idir. Tamachahut ; « on va faire entendre le conte » Tout d’un coup, la créature tape à la porte et dit « la vérité, elle est où ? » Ténèbres, gris, noir, il y a tous les mots pour la dire. C’est une histoire encore sans vérité.

Et ce mot « terroriste » ?

C’est tellement un terme galvaudé. C’est plus que des terroristes. Ce sont des personnes qui ont une application de la terreur. Ce n’est pas une personne qui s’engage et qui met une bombe. C’est vraiment des gens qui ont décidé de…construire dans la terreur. On a entendu un ministre dire « la terreur a changé de camp », comme si ce pays devait être gouverné toujours par la terreur.

Dans ce récit, y a - t - il un télescopage de générations au sens psychanalytique de l’expression?

Oui, ces générations actuelles sont en quête de vérité ; une vérité qui leur a été cachée, surtout à partir de cet assassinat dont je parle qui est celui de Mohamed Khemisti, je parle d’un assassinat commis moins d’ une année après la date de l’indépendance de l’Algérie, à qui a profité ce crime ? C’est comme si l’Algérie avait été bâtie sur ce meurtre, sur un acte impossible à dire, un manque de vérité qui l’empêche de vivre autrement que dans la fausseté. Or, pour vivre, il faut de la vérité, du futur et quand on a entendu des slogans tels que celui-ci « Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts », quand il y a un pays qui est traversé par des personnes qui partent, qu’on appelle des haragas, qui partent parce qu’ ils n’ont plus d’espoir même dans la tête, alors il est facile de constater ce que ce pouvoir a fait de 1962 à aujourd’hui. Personne d’autres n’a été au pouvoir, toutes les générations sont à l’intérieur même du pouvoir, Celles qui n’y ont pas été ont été labourées au fur et à mesure dans leur famille, leur ville, village, travail, et surtout dans leurs espoirs.

Vous écrivez « Pourquoi avoir mis tous ces enfants au monde si c’est pour les tuer par la suite ? ». Qui se pose cette question?

C’est une interrogation qu’on peut avoir. Pas du côté des gens du peuple. Que pourrait avoir le pouvoir. C’est comme si, tout d’un coup, ce pouvoir n’avait pas pensé que les Algériens allaient s’exprimer à travers ses générations et les enfants qu’ils feraient. C’est à peu prés la même question pour les enfants d’émigrés en Europe. Les pays qui les ont exploités n’ont jamais pensé que ces générations d’expatriés s’aimeraient, se marieraient un jour, feraient des enfants, demanderaient à vivre. Du côté des pays européens, ce n’est peut-être pas du mépris, c’est de l’oubli radical. De la violence radicale. Mais, du côté de chez nous, il y a quelque chose qui demeure d’une structure féodale de pensée, un héritage de la féodalité qui fait que les personnes qui sont sans pouvoir sont à la merci, à l’allégeance du pouvoir. On travaille pour « lui », pour « eux », et « qui êtes-vous, d’abord ? ». Rompre cette servitude est pensé comme un acte de lèse majesté. Et, d’abord, pourrait-on dire, « qui t’a fait « roi ? »Dans cette situation de violence, le pouvoir n’a que ces mots : « Donnez - leur du travail, créez des chantiers, faites des boites de sardines… ». Or, la vraie question, c’est la possibilité d’exister dans son être non pas dans son avoir. Les gens ne demandent pas d’avoir ; ils veulent être et être respectés, pas bafoués, humiliés, assiégés, trompés.

Le style du récit est saisissant. Il est composé pour l’essentiel d’énoncés énumératifs que l’on retrouve dans vos précédents romans. Est-ce une esthétique proprement farésienne ?

C’est un déferlement de mots qui ne tiennent plus, qui se baladent, envahissent la tête, auxquels il faut tout d’un coup pouvoir s’accrocher. C’est un peu tout cela le drame de Simane Driif. C’est ce qu’il vit. L’amour qu’il peut avoir pour son pays a été bafoué, empêché. On l’a transformé, non pas en haine, mais en quelque chose qu’il n’arrive plus à comprendre. Comment un tel retournement a-t-il été possible ? Voilà sa question, tellurique. C’est comme le rapport avec la mer qui, tout d’un coup, se retire à Boumerdès, lors du séisme de 2003 et la déflagration que plus personne ne comprend.

C’est la fin du second chapitre « Les grands départs » qui est la plus lisible du récit. Pourquoi ?

Oui, parce qu’il y a là une sorte de re-rencontre avec le pays qui apaise Slimane Driif, après avoir été obligé de partir pour se protéger pas comme un harraga . A ce moment il n’est plus dans les idées qui se bousculent dans sa tête. Préserver quelqu’un de sa vérité psychique est primordial. Le préserver de la haine, justement. C’est pourquoi, Slimane peut enquêter, entendre, répondre, se déplacer…Après voir été si profondément bousculé, il est pris « dans » un immense chagrin, d’autres appellent ça, d’un mot tellurique d’ailleurs, météorologique, une « dépression ». Oui, la « tête », certaines fois, son « dedans », son « vide nécessaire » est un relief. Le texte essaie de déployer ce qui est pris « dans » et par cette tristesse de voir un pays parti à la dérive. C’est une géographie mentale qui aurait pu disparaître dans un puits sans fond…

Peut-on établir un lien entre « le puits » de Slimane Slimane Driif et l’outre, métaphore de Abdenouar personnage de Mémoire de l’absent ?

Le puits, c’est un mot pour dire, métaphoriquement, bien sûr, l’espace mental, qui est le puits de la vérité, mais il faut que la vérité puisse passer, tel ce personnage d’une histoire connue, qui est toujours assis devant un puits et qui regarde toujours dedans. Les caravanes qui passent en sont intriguées. A un moment, le chef de la caravane se rapproche de ce personnage toujours penché vers le puits – on sait qu’il est très important dans la traversée du désert – et lui demande pourquoi il reste ainsi, ne regardant rien alentour, ou le rien alentour, toujours penché. Le personnage répond : « j’attends que passe au-dessus le rayon de lune ». Il attend le passage de la vérité. Simple allégorie : il risque d’attendre longtemps. Pour l’outre, c’est d’abord un événement très personnel. Dans la maison qu’on habitait, il y a très longtemps en Kabylie, il y avait, dans la cour, une outre de peau de chèvre noire qui m’impressionnait ; j’ai su après, bien des années plus tard, que cette outre avait du sens, qu’elle appartenait non pas seulement à la chèvre, mais aussi au langage, la thailouth, à une ample symbolique : celle qui renferme l’eau, la langue, les usages, les espoirs, les vicissitudes, les malheurs, les désirs, les volontés… c’est-à-dire les principes de la vie et de la mort ; espoir et pauvreté, tout à la fois. Tandis que, dans le puits, il y a une bagarre entre les ténèbres et la surface, surtout que, Slimane Driif, regardant dans le puits, ne trouve pas son image. Il n’y trouve que les violences qui parcourent le pays. Il n’est pas comme Narcisse. Il ne peut pas se délecter de son image. Il est obligé d’approfondir. Si on peut aller de puits en puits, l’outre, en revanche, on l’a avec soi, on peut la transporter. Ce sont deux images différentes du rapport à l’exil, à la vérité et aux marcheurs. Nous sommes de grands marcheurs. Pour aller plus loin.

Les personnages qui sont dans mes livres touchent à l’enfance. Pour dire, essayer d’attirer l’attention sur ce qui arrive aux petits bonhommes ou aux petites filles qui sont chamboulés par l’histoire présente, essayer de leur donner Voix. C’est le même travail dans ce présent récit parce qu’on ne peut pas non plus faire en sorte que ces personnes qui ont vécu des disparitions n’ont pas de pensées pour leurs propres disparus. C’est ça le plus grave, faire comme si ces personnes n’avaient pas vécu ce qu’elles ont vécu.

Il était une fois, l’Algérie peut-il avoir sa place dans votre trilogie A la recherche du Nouveau Monde ?

Il peut avoir sa place parce que, à un certain moment, étant entré dans cette écriture, me méfiant de tout ce qui s’apparente à de la violence, surtout ces violences contemporaines – sachant que beaucoup et chacun peuvent trouver son compte dans la guerre, dans le massacre- je me suis mis, pour dire quelque chose qui s’écrivait, alors, en marge des pays en guerre. Une écriture de la marge qui enregistre, qui est à côté de la déflagration, tout en étant à l’intérieur de cette déflagration. Une marge pleine de remous, de solitudes, d’espoirs, d’indignations.

Il était une fois, l’Algérie, dit plusieurs fois l’Algérie…

On peut le dire aussi. C’est comme dans Faulkner Il y avait une fois, deux forçats (Les Palmiers sauvages (The Wild Palms, Gallimard, 1952, qui commence par cette phrase : Il y avait une fois, deux forçats, NDLR) . C’est vrai qu’il y a plusieurs fois l’Algérie mais c’était aussi comme s’il fallait garder cette pensée de « il était une fois » pour une Algérie qui a existé une fois et pour toujours. Et toutes les Algérie qui viendront seront toujours par rapport à ce conte magnifique du début qui fait a existé cette entité diverse, plurielle, à la recherche d’un nouveau sens, l’Algérie.

Votre premier roman « Yahia pas de chance » vient d’être réédité en Algérie ( Ed. Achab, 2009) avec un ajout au titre initial « Un jeune homme de Kabylie ». Une manière de s’identifier ?

J’ai toujours pensé à ce titre là parce que l’histoire de « Yahia pas de chance », c’est celle d’un jeune kabyle. Et puis, avec tout ce qu’on racontait sur les Kabyles, c’était une façon de dire qu’un jeune Kabyle, ça existe et a son itinéraire, son imaginaire, ses rêveries et ses façons de faire. Et comme on me pose souvent la question « Vous êtes vraiment kabyle ? », c’est donc un peu ma réponse personnelle. Je suis un Algérien et je suis kabyle, comme beaucoup de mes semblables, algériens et kabyles d’aujourd’hui.


Abderrahmane Farés (le rossignol rend hommage au fils de son village)



Abderrahmane Farés


 né le 30 janvier 1911 à Amalou prés d'Akbou  dans l'actuelle wilaya de Béjaïa en Kabylie, région berbère au centre-nord de l'Algérie. Orphelin très jeune (son père meurt en 1917 pour la France durant la Première Guerre mondiale), il est recueilli chez son grand-père et, élève assidu, est envoyé pour être formé d'abord chez un oncle notaire à Akbou, puis chez un notaire réputé d'Alger. Après ses études de droit, il devient tour à tour huissier à Sétif, assistant notaire à Sebdou, et s'installe enfin à Collo comme notaire en 1936, devenant le premier notaire public musulman en Algérie.

Il entre en politique à partir de 1945, fin de la Seconde Guerre mondiale, et devient conseiller municipal, puis siège au Conseil général du département d'Alger[2]. Proche des socialistes de la SFIO, il devient membre en 1946 de la première Assemblée nationale Constituante (Alger), et, d'abord favorable à une « intégration dans le cadre français », il y défend l'établissement d'une égalité des droits entre français et français musulmans notamment par l'instauration du collège unique dans le régime électoral algérien[2]. Déçu par des refus successifs, il ne se représente pas à l'Assemblée nationale d'Alger et décide de siéger à l'Assemblée Algérienne dans le sud algérien dont il devient président en 1953[2].


Lors de l'insurrection organisée du 1er novembre 1954, début de la guerre d'Algérie, il croit encore au processus d'intégration mais marqué par les massacres du Constantinois en 1955, il prend ses distances avec Jacques Soustelle et sa politique d'assimilation, et se rapproche du Front de libération nationale (FLN). Il s'installe en 1956 à Paris en France, et avec la Fédération de France du FLN il est chargé de collecter des fonds pour le mouvement indépendantiste et lui apporte notamment des aides juridiques[3]. Le 4 novembre 1961, il est arrêté par les autorités françaises et emprisonné à Fresnes[3].


Libéré à l'issue des accords d'Évian le 19 mars, il est désigné en avril 1962 président de l'Exécutif provisoire algérien à sa création, et négocie l'indépendance. Le 3 juillet, la France reconnait officiellement l'indépendance de l'Algérie et le président français de Gaulle transfère les pouvoirs à l'Exécutif provisoire[4]. Abderrahmane Farès décide alors de transmettre ses pouvoirs à Benyoucef Benkhedda, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mais ce dernier, en conflit avec le bureau politique du FLN de Ben Bella, se voit obligé d'en refuser la charge[5].


Durant son mandat, responsable du maintien de l’ordre, il prononce le 30 mars dans un discours télévisée, devenu célèbre[1], un appel à la paix et au rejet de la violence, notamment destiné aux « européens » d'Algérie. Des contacts avec l'Organisation armée secrète (OAS) sont notamment entrepris pour négocier un accord mettant fin à leurs opérations meurtrières[6]. Après la victoire du bureau politique du FLN et le retrait du GPRA à son profit, la première Assemblée nationale constituante (ANC) algérienne est formée. Il remet alors, le 25 septembre 1962, le pouvoir au président de l'ANC, Ferhat Abbas


En désaccord avec la politique autoritaire de Ben Bella qu'il dénonce, il est arrêté en juillet 1964. Il est libéré un an plus tard à l'arrivée de Houari Boumedienne au pouvoir, et se retire de la vie politique.Il écrit et publie en 1982, ses « Mémoires politiques (1945-1965) » dans La cruelle vérité[8], autobiographie dans laquelle il évoque notamment le période de transition de mars-juillet 1962 et les modalités des négociations de l'indépendance, notamment avec l'OAS. Abderrahmane Farès est décédé le 13 mai 1991 à Zemmouri (wilaya de Boumerdès).


Notes et références


  1. a et b « La vérité n’a pas d’heure... », par Kaddour M'hamsadji (L'Expression, n° du 23 mai 2007).
  2. a, b et c Abderrahman FARÈS [archive], Biographies des députés de la IVe République sur assemblee-nationale.fr.
  3. a et b « The Transition Team », Time Magazine, numéro du vendredi 30 mars 1962 [(en) lire en ligne [archive]].
  4. Lettre de de Gaulle au président de l'Exécutif provisoire [archive], Journal officiel de l'État algérien, 1re année, n° 1 (6 juillet 1962) p. 4
  5. « Quand la guerre d’Algérie a-t-elle pris fin ? », par Guy Pervillé (14 juin 1999, Paris), De la guerre à la paix (éd. Economica, juin 2001), pp. 147-155 [lire en ligne [archive]].
  6. « été 1962 : Oran, ville d’apocalypse » [archive] par Benjamin Stora, dans Le Monde (27 août 1992).
  7. Lettre du Président de l'Exécutif provisoire au Président de l'ANC [archive], Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, 1re année, n° 1 (26 octobre 1962) p. 3.
  8. (fr) « La Cruelle vérité : l'Algérie de 1945 à l'indépendance », Plon (Paris), 1982, 250 p. (ISBN 978-2-259-00883-9).